Being Beauteous à Toulouse


Imaginée par quatre jeunes artistes français, Anne-Lise Broyer – Nicolas Comment – Amaury da Cunha – Marie Maurel de Maillé, dont les travaux sont en résonnance, cette exposition est co-produite avec le Musée de la Roche-sur-Yon.

À l’origine, ce titre énigmatique qui pourrait peut-être éclairer notre désir d’être ensemble et notre manière de faire.
Car c’est d’abord « le mystère » qui nous attire — dans la singularité de nos parcours, selon des modalités différentes, liées à la spécificité de nos histoires et de nos rencontres.

Avec toute la prudence requise — dans un monde ironique et toujours contaminé par l’ère du soupçon — c’est la question du sensible qui nous rassemble. Et avec lui, un rapport particulier aux images.
Traversée incertaine, tâtonnante, hypothétique dans les franges du réel, dans ses vestiges, dans ses zones d’ombres, ses couleurs franches ou incertaines, nos images cherchent à renouer un dialogue avec ce qui à nos yeux souffre bien trop souvent d’indifférence.

Ainsi, il nous semble que cette énigme de la Présence soit peu représentée dans le champ des arts visuels. La photographie aujourd’hui est bien trop souvent occupée à vouloir transformer le monde en signaux de vérités et à réifier les apparences en figures de banalités.*

Car l’image photographique, pour nous, n’est ni une boîte à messages, ni une machine à produire des preuves. Ce qui exclut de nos champs de représentations tout ce qui relève des classifications. Nous ne faisons pas de reportage, ni de portraits, encore moins d’images d’architectures. Nous faisons des images pour redonner à la question de l’errance toute sa richesse, et sa valeur.

Pour nous, la photographie est bien une discipline médiane : à la croisée des chemins. Quelque part entre la littérature et les arts plastiques. Ce qui ouvre des pistes de croisements que nous affectionnons : Poésie, musicalité, fiction...

Mais au final c’est toujours la question du regard qui reste essentielle à nos yeux. Renouer avec l’attention, tenter d’acquérir une certaine acuité c’est rendre à nouveau possible un acte de liaison et de partage. Un art de l’adhésion au monde. Une aventure rétinienne qui cherche ses sources aux confins d’une expérience intérieure, mais aussi dans le foisonnement de la matière du monde. Un refus du feuilleton, du storytelling, de la distraction ; en somme, il s’agit bien de (re)mettre le réel au premier plan, dans toute sa nudité, son mystère, sa beauté. Being Beauteous...

* Dans l’histoire de la photographie, nous avons pourtant quelques figures de références. Deux aventures continuent d’éclairer la nôtre. D’abord le bel effort des Cahiers de la photographie (1980/1990), qui ont légitimé une « pratique buissonnière » de la photographie dans laquelle nous nous reconnaissons. Mais aussi la figure atypique de Bernard Lamarche-Vadel, critique d’art et écrivain, qui reste un repère essentiel pour nous : en défendant ce qu’il appelait « L’ atelier photographique Français » (Arnaud Claass, Magdi Senadji, Bernard Plossu, Denis Roche...) il a circonscrit un territoire singulier de la photographie — une photographie, consciente de son histoire, mais libérée de ses usages. Cette dimension « ustensilaire » de la photographie contre laquelle il n’a jamais cessé de pester.

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