Résidus (hiver 07) +difficultés


Vague projet d'énumérations des difficultés rencontrées dans l'existence.

Difficultés à aménager le temps pour rendre l'œuvre possible.
Difficultés à trouver l'équilibre entre une description du monde et cette injection de soi-même dans les images.
Difficultés avec la peinture de la pièce où je vis : nécessité de la repeindre. Difficultés : trouver la bonne peinture, déplacer les meubles, trouver une âme charitable qui voudrait bien m'accueillir le temps des travaux.
Difficultés en écriture. Trouver la forme quand on n'a rien à dire. Ne pas écrire sur ça. (Le rien à dire.) Enregistrer sa voie, négatif de l'écriture comme je l'avais pensé il y a quelques années.
Difficultés érotiques : épuisement d'un capital charnel et sentimental. Sensations d'un beau gâchis.
Une gros livre suivre. Il s'appellera "solutions".
Difficulté à entrevoir l'idée maitresse qui doit présider à chacun des projets. Les rédiger. Papiers volants, hypothèses diverses.
Difficultés d'identités. Ecrivaillon, voyant, critique pour les artistes, commentateurs de travaux de jeunes femmes. Difficultés à rester ici. Imaginer un départ. Une magistrale rupture. Bifurcation pour quitter la France.
Continuité : difficulté à poursuivre comme l'écrit inlassablement mon ami Frédéric-Yves Jeannet.
Solutions : de l'amitié comme espace d'énergies partagées. On se tient au chaud, on s'encourage, on ferme les yeux sur les mauvais gens, les mauvaises parties du temps pleines de tâches inutiles.

Ce texte qui suit est peut-être le premier pan de ce travail sur les difficultés :

Couette & clou

ébauche

À peine avais-je sorti la vieille couette du placard (action qui m’avait demandé déjà un effort colossal car le placard était haut perché et j’avais dû monter sur ma chaise de bureau qui tournait sur elle-même risquant à plusieurs reprises de tomber sur le carrelage) avant de l’enfiler dans la nouvelle housse propre, je décidais de m’étendre un moment. La tête vautrée dans les plumes (car malheureusement, la couette n’était plus très en forme, elle se vidait et me donnait au passage des allergies désagréables ) — je méditais sur ce qui venait de se passer. Là-haut, quand j’avais tendu les bras pour sortir cette couette de sa tanière, outre le fait que j’étais sur la pointe des pieds et que je ressemblais une danseuse gauche, j’avais dû beaucoup lutter pour décrocher un morceau de cette couette qui s’était prise d’affection pour un clou. Je m’étais évidemment demandé ce qu’il faisait là, ce clou, au fond d’un placard. J’imaginai avec difficulté (car ma pensée ne fonctionne pas bien quand mon corps est dans l’embarras) qu’ à une époque où je ne vivais pas là, l’agencement de cette pièce n’était peut-être pas le même et qu’à la place de placard, il n’y avait qu’un pan de mur qui supportait un tableau accroché à ce clou. Et maintenant, par nostalgie et désœuvrement, ce clou avait cru bon de s’enticher de cette grosse couette de malheur. Je resterais ainsi toute ma vie cachée sous la couette en pensant aux espaces que je n'ai pas connus, et aux choses qui m'échapperont toujours.


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