Musique

Je me suis réveillé ce matin avec un désir musical très précis : écouter une fugue des suites françaises de Bach par Gould. Musique aérienne qui ouvre le cœur, donne de l’amplitude à quelques vieux rêves, suscite aussi l’envie de la faire partager.  Quand j’étais enfant, dès que je découvrais une musique qui me passionnait, il me fallait absolument la faire écouter aux autres. Souvenir vague d'un disque des Stroumphs que j'avais apporté à l'école et et fait jouer à fond dans la petite salle de classe.  Musique de liaison, recherche d’un dialogue. Je comprends  mieux pourquoi Bergman, quand il fait entendre Bach dans ses films, explique que cette musique représente un espoir de communication entre les êtres. Non, la musique n’est pas un plaisir solitaire, mais bien la renaissance d’un monde. Bach me repeuple toujours.

Dans la partie ingrate de la photographie appliquée (le reportage, l'illustration) à destination de la presse, les gens qui planchent sur le travail des images, disent souvent n'importe quoi : pour ne pas sentir déborder par les photographies, ils (se) piétinent dans un bavardage déprimant, se réfugient dans de la paraphrase, inventent des intentions bizarres aux images, préfèrent s'en remettre au sujet plutôt qu'à la forme. Vous évoquez le style, la seule affaire du regard, ou plutôt la question du style — sans forcément attester que telle image a bien un style particulier — on vous rétorque que le "problème" n'est pas là, que c'est l'information qui prime, on la cherche alors à la loupe, comme une pauvre preuve, la partie la plus proche de dépêche ingrate, en laissant de côté tout ce qui donne à une image sa vraie force : ce qui échappe à la première intention, ce qui rend le langage défaillant. La partie musicale d'une image, en somme.

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