Normandie

En rentrant dans la rame du métro de la ligne 14, la porte se referme brutalement sur mon pied, une partie de mon corps est dans le compartiment, l'autre sur le quai, des voyageurs affolés viennent à mon secours en me tirant pour me faire entrer de force (j'ai l'impression d'être une bête de ferme) tandis que me revient à l'esprit l'atroce fait divers relaté récemment dans le journal : un type s'est d'abord fait coincer comme moi par la porte d'un métro, il est  tombé brutalement sur les rails (retenu au métro par la la lanière de son sac accrochée à la porte) avant de se faire traîner sur une dizaine de mètres, écrabouillé/électrocuté. Sain et sauf, je m'assois en entendant derrière moi un homme raconter à une femme ce à quoi à quoi j'ai sans doute échappé.

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Bizarre de se retrouver nommé à plusieurs reprises dans le journal de Bergounioux : nous nous sommes en effet rencontrés à plusieurs reprises aux beaux arts de Paris pour parler du tome précédent de ce journal, et de son regard sur trente ans d'images de lui. Dans ces pages, à chaque fois que nous nous voyons, il pleut, et l'écrivain est fatigué.

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Triste que la vérité de quelques êtres, en leur absence, semble infiniment plus limpide, et souvent  décevante.  Devant vous, leur cinéma occulte beaucoup de choses, comme un voile. Disparus ils se révèlent enfin, sans doute pour mieux être enfin balayés de la mémoire, ou cachés dans des petites boîtes bien fermées. Des boîtes de pellicules périmées.
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Mon penchant naturel pour l'idiotie, la paresse, la passivité, le bavardage.

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Dans le train, un type lit "le mépris" d'une main et actionne la souris de son ordinateur de l'autre ; il  passe du livre à l'ordinateur, avec le même regard bovin, déprimant. Je dois m'endormir.

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