Normandie
En
rentrant dans la rame du métro de la ligne 14, la porte se referme brutalement
sur mon pied, une partie de mon corps est dans le compartiment, l'autre sur le
quai, des voyageurs affolés viennent à mon secours en me tirant pour me faire
entrer de force (j'ai l'impression d'être une bête de ferme) tandis que me
revient à l'esprit l'atroce fait divers relaté récemment dans le journal : un
type s'est d'abord fait coincer comme moi par la porte d'un métro, il est tombé
brutalement sur les rails (retenu au métro par la la lanière de son sac accrochée
à la porte) avant de se faire traîner sur une dizaine de mètres, écrabouillé/électrocuté.
Sain et sauf, je m'assois en entendant derrière moi un homme raconter à une
femme ce à quoi à quoi j'ai sans doute échappé.
*
Bizarre
de se retrouver nommé à plusieurs reprises dans le journal de Bergounioux :
nous nous sommes en effet rencontrés à plusieurs reprises aux beaux arts de
Paris pour parler du tome précédent de ce journal, et de son regard sur trente
ans d'images de lui. Dans ces pages, à chaque fois que nous nous voyons, il
pleut, et l'écrivain est fatigué.
*
Triste
que la vérité de quelques êtres, en leur absence, semble infiniment plus
limpide, et souvent décevante. Devant vous, leur cinéma occulte
beaucoup de choses, comme un voile. Disparus ils se révèlent enfin, sans doute
pour mieux être enfin balayés de la mémoire, ou cachés dans des petites boîtes
bien fermées. Des boîtes de pellicules périmées.
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Mon
penchant naturel pour l'idiotie, la paresse, la passivité, le bavardage.
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Dans
le train, un type lit "le mépris" d'une main et actionne la souris de
son ordinateur de l'autre ; il passe du livre à l'ordinateur, avec le même
regard bovin, déprimant. Je dois m'endormir.