Cerf-volant
J’avoue la tentation de te livrer des
images, mais souvent l’image est un cadre où se greffe une histoire. Je n’en
veux pas. Je suis charmé par des images sans histoire. Ce sont des
photographies. Une où quelqu’un court sur la plage pour faire voler son
cerf-volant. Je me sens idiot en le regardant, tellement idiot qu’une larme
coule sur ma joue. Je n’ai jamais possédé de cerfs-volants. Je fixe la chose
dans le ciel, elle le rend moins angoissant que d’habitude. D’habitude je
m’ennuie, alors je quitte une chambre confortable pour la balade et la plage.
Je t’assure que je ne manque de rien. Tout est prêt dans cette chambre pour que
les journées se déroulent, parfois cognent contre les murs blancs. Je me
concentre pour limiter la casse ou l’auto-érotisme : pratique commode mais
qui ne me repeuple pas, me dévaste plutôt. Je trouve que le temps passe
lentement dans cette chambre. Sache que ce temps passé est un temps de passage,
certains projets y naissent et doivent supporter l’étroitesse du lieu ; ruminer
des passions entre quatre murs est une épreuve : si elles ne perdent pas
de leur panache, si elles ne s’usent pas, je considère qu’elles peuvent aller
se répandre à l’extérieur.