Ce qu'il reste de nous

Senlis, dimanche 4 avril 2009


— Les autres n'existent donc pas ?
— Non. Les autres n'existent plus.

Il y a des morceaux de mots entre les images, mais nous n’avons plus, ces jours-ci, la force de les agiter ; sans saveur, hors de soi, ils se sont dévitalisés et nous ne nous reconnaissons plus en eux ; non qu’ils se dérobent — ils sont disponibles, mais ils sont loin, et froids ; j’ai sans doute peur de la vérité qu’ils portent en eux (cette possibilité d’éclosion m’effraie) mais en même temps, le silence est la mort. Lente, solitaire, glaciale ; il faut alors lui résister, mais ce geste de saisi est trop difficile ces temps-ci (reprendre le cours des phrases & comprendre) ; trouvons d’urgence un compromis, ce lieu à mi chemin entre le sens et son évasion — l’image photographique, le poème.

(À Senlis, dimanche, il fallait voir quelque chose en toute urgence, mais ne regarder personne)

Tant que la réalité déborde encore, et qu’elle met à la disposition du regard un nombre croissant d’événements sur lesquels on peut miser pour écrire, l’inquiétude devrait s’atténuer ; mais la richesse de ce monde contient aussi son chaos ; il faut produire un effort de discernement et de choix pour ne pas se perdre. Penser enfin l’ordre comme un doux rangement (plus jamais avec la tristesse de celui qui subit la pression de l’arbitraire).

Images à venir : corps, couleur blanche (nu avachi), en équilibre, chute, déploiement, de la poussière, de la cendre, de l'eau, du feu...

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