un peu après



Si un blog ne sert pas à montrer la fabrique des images, mieux vaut pas le pratiquer. La photographie prend du temps. Être le spectateur privilégié de son travail n'est pas toujours facile. Il faut parfois le laisser dormir, s'absenter de lui - l'oublier et revenir plus tard sur ce que l'on a fait. Plusieurs vies se chevauchent. Je suis dans existence qui conjuguent les tâches et qui m'oblige à porter sur le monde des regards change d'un jour à l'autre. On ne va pas se plaindre. Il y a le métier, il y a aussi le travail. L'obligatoire et le nécessaire. L'image et le texte. Le travail d'autrui que je scrute jour après jour et dont je me sers pour le journal où j'officie. À côté, il y a ce devoir intime : persister, ouvrir mon œil, qu'il se rapproche de ce que je cherche. Après ce livre qui vient d'être publié, je me trouve dans une recherche qui a besoin d'un virage, tout en gardant le tempo et la forme qui a rendu possible l'achèvement de "saccades". On a parfois une distance qui rend la pensée agile quand il s'agit d'autrui, mais appliquée à soi-même, le vertige perturbe le jugement. On avance quand même. On bifurque. Et l'intuition qui donne naissance aux nouvelles images, quand j'y songe, me met sur une direction nouvelle : elle oscille entre le maintient d'une forme de spontanéité (sans intervenir sur ce que je vois, visages et choses saisis malgré eux) et une tentation d'orchestrer plus franchement ce que je désire.

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