Quelques aspects de l'exposition à l'espace Miramar/Cannes











(Notes écrites pendant ces journées d'attente, entre Cannes et Juans-Les-Pins)


Les images me donnent des courbatures, je les ai trop portées, je comprends l’épuisement des femmes enceintes après l’accouchement. Ce que cela me fait de voir trente-trois photographies sur les murs ? Disons que je suis ému et embarrassé comme si trente-trois ex-amoureuses étaient rassemblées et accrochées sur les murs d’une pièce de cent vingt mètres carrés.

Soleil de retour.
La peau chauffe.
Je ne veux plus de nord dans ma vie.
La mer brille, s’éclate sur la plage, il y a près du bord la présence immobile d’un gigantesque yacht sûrement fréquenté par de très méchantes personnes.

Le soir je bois du rosé tout nu dans mon deux pièces cuisine en écoutant Cat Power.

Très vite, la fatigue. Le corps s’ébroue et quand il trouve ses marques dans la grosse couette, la tête se met en branle, et là, je peux toujours rêver pour dormir.

Je m’assois sur une chaise bleue face à la mer. Le moindre mètre carré de sable est colonisé par des bistros, il n’y a qu’une seule plage publique, je la regarde avec dédain comme ma grand-mère lorsqu’elle me montrait la plage des " conge payes" en me déconseillant de m’y rendre.

Il est devenu tellement anxieux qu’il n’en a plus conscience : l’inquiétude a chassé son origine, et bizarrement, cette nature lui convient très bien et le maintient perpétuellement en éveil.

Il y a dans cette ville qui se trouve être aux antipodes de moi-même quelque chose qui me charme et ce n’est pas un de ses aspects cachés mais plutôt son coeur même, horreurs apparentes, images épaisses ; je dois me rendre à l’évidence qu’il y a en moi un homme vulgaire et snob, qu’il sorte parfois de l’ombre et me fasse profiter de son goût pour le kitsch, le postiche, l’argent sale.

(Je voudrais bien être une petite pute, un gigolo, patron de bordels pour milliardaires, chasseur de primes adipeux, gibier de premier choix.)

Au ciel, je le jure, j’avouerai le nombre incalculable de faux itinéraires que j’ai communiqués sciemment à d’innocents touristes. Je confesserai par la même occasion mon goût douteux pour l’adjectif.

Pourquoi t’obstines-tu à toujours t’interroger sur le "fonctionnement" des choses, leur seuil, et ta difficulté à entrer en contact avec elles ? Quand pourras-tu seulement entrevoir le début d’un engagement dans le monde, dans l’étendue d’un sujet, plutôt que d’être bloqué dans les vertiges d’un regard perpétuellement tourné sur lui-même ?

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