Notes de nuit

Celui qui fait agir son regard peut se passer d’exercer une fonction, avoir un métier, car c’est un travail à temps plein que de scruter les êtres et les choses aux pires et aux meilleurs endroits. Il écoute, mais il ne comprend pas ce qui se raconte, car finalement, cela ne l'intéresse pas. Il est ailleurs, dans les surfaces polies du monde, là où se joue la comédie.

"Ils vivent à contrecœur, ils pensent par dépit. Ils parlent par défaut."

Aujourd'hui, réveil difficile, difficultés à entrer dans "la vie". J'ai à l'esprit ce qu'une femme a dit récemment de mes images : "Il y a toujours des obstacles au milieu de ce que tu regardes". Là, des yeux jusqu'au coeur profond, une opacité empêche tout mouvement qui rendrait ma pensée agile et mon corps disponible aux mouvements endiablés. L'obstacle, terrible passion ; ça bloque, ça coupe du réel, de soi ; pourtant, les obstacles sont aussi pour les courses hippiques, pas si mal en fait. On va dire qu'il faut des contraintes et que la vie sans difficultés ne vaut rien. Il faut du courage dans le dépassement, de la souplesse dans le geste, et surtout — être naturellement disposé à la résistance. Sinon il n'y a rien de possible. Il faut persévérer, mille fois oui, mais j'ai souvent le sentiment d'être une vieille jument fatiguée par la compétition.

Lu hier soir de longues pages du "Temps retrouvé" animées par un mélange de précipitation (en finir au plus vite avec l'oeuvre, et de surcroît, avec la vie) et ce cri victorieux assez lourdingue : "le temps, mes cocos, j'en fais mon affaire ! L'amitié ne vaut rien, l'amour est aux oubliettes, le bonheur, why not, mais uniquement parce qu'il rend "le malheur possible", et le malheur, tout monde en parle, c'est la clé de voûte de mon génie . Conclusion : la vie ne vaut rien, vive la littérature (hélas)."

Shut up Marcel.

D’une femme que j’ai aimée à la folie il y a plusieurs années il reste encore au bout de ma couette une tâche de sang de petite envergure ; je la regarde avec un peu de souffrance, je ne m’approche pas, mais si l’attention se prolonge trop longtemps, je tire la housse pour panser cette blessure d’amour.

Grâce à la publicité qui coupe le film, je peux enfin écrire un peu.

Qu'est-ce qu'on se fiches des humeurs. C'est quoi ça l'humeur ? Une nappe pour l'esprit ; babiole mutante sans intérêt. Je compte plutôt sur vous idées. Je vous convoque, épatez-moi mes chéries, et faites-moi mal.

Mots & expressions haïs dans l'époque, tous registres confondues, liste a-hiérarchique, à suivre : confluences, "c'est une force de proposition", "il tutoie.. (le ciel, l'histoire, les idées..."), "ça fait sens", "ça force le respect", "hier au soir", "y a pas de soucis" etc. etc.


J.G. : "Le roman n'est pas un instrument de vision, il est la vision même".

Il entre dans la cabine qui pue le vide avec des cloisons en bois où sont punaisées des images pornographiques avec femmes et phallus en partage très vite se pointe la danseuse sur l’estrade avec son nez moche mais ses très jolis seins il dit maintenant tu écartes les cuisses elle répond ça c’est plus cher domination verbale mon chéri ça va compter dans les 150 euros et c’est pas dans tes moyens je le vois dans tes bourses & maintenant tu vas te dépêcher je me retire dans trois minutes.

Je ne veux pas que tu ailles là où je ne suis plus.


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