Deux choses dont une imagée

Face à des gens que je n’aime pas, qui me crispent, impossible d’être clair : je bafouille, je n’arrive pas à m’exprimer, et s’ils me trouvent idiots, je suis volontiers leur idiot ; il va de soi que ce que je raconte ici s’applique à des situations de travail, quand le travail implique des rapports forcés entre des humains qui ne s’aiment pas, qui se tuent à vouloir être compris, à faire semblant de communiquer pour des raisons souvent misérables, objectifs à tenir que j’honore parce que je n’ai pas le choix ; face à celui qui donne les ordres, je suis ramolli, je dois faire un effort énorme pour parler, effort doublé par l’obligation de faire sa messe trois ou quatre fois l’an, jouer l’enthousiaste, se tuer à la tâche pour durer, alors que je ne pense qu’à une chose : prendre mes jambes à mon coup, même si c’est douloureux.

Dans le métro, ce matin, un père de famille tenant dans ses bras son fils trisomique ; grande tendresse, enfant fatigué, père aimant ; son regard s’affranchit des yeux désagréables des voyageurs, il suscite une espérance qui me donne envie de pleurer, mais je ne pleure jamais à huit heures du matin.

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