aberrations

Il en arrive parfois à croire que le retour de la joie, lorsqu’elle illumine à nouveau toute chose, ne serait peut-être qu’un souvenir d’exaltation du passé ; preuve en est — le prétexte dont il se sert : vieil air de musique qui a accompagné sa jeunesse, par exemple, l’ouverture de Tanhhauser qu’il écoutait et qui lui donnait une vigueur incroyable et nouvelle vers 18 ans ; l’entendre aujourd’hui, même si l’air a toujours sur lui la même puissance communicative, n'est cependant qu'une image de jouissance ; il cherche comme un malade les vieux airs du passé (la musique de George Delerue qui ouvre la Nuit américaine de Truffaut, ou des chansons de Dylan qui ont enjoué son adolescence, le Concerto Italien de Bach, ou les passions gueulardes de Janis Joplin) — il prend alors conscience que tout ce fatras musical n’est pas de son âge, ridicule, comme s’il portait à trente ans des vêtements d'occasion pour des enfants de douze ans.


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