Avant les images, sur une page du livre

Peut-être ce sont les saisons qui viennent rythmer le lent déploiement des images. Ou bien des amours qui fuient quand on cherche à se rapprocher d'eux pour espérer un réconfort. Tout à coup, il n'y a plus de temps, presque plus de monde, mais des visages peut-être possibles. Quand j'étais enfant, en sautant pour me raccrocher à la branche d'un arbre, je m'étais effondré, et ma tête avait heurté une pierre. En me réveillant, choqué, et allongé dans l'herbe, je me souviens du visage angoissé de la maitresse, et de ces trois questions qu'elle m'avait posées pour mesurer la gravité de ma chute : Qui es-tu ? Où es-tu ? Quel jour sommes-nous ? Je dois avouer que de ne pas savoir lui répondre m'avait plongé dans un état absolument délicieux. Une ignorance divine. Les images que je recueille aujourd'hui ne sont sans doutes pas étrangères à cette scène primitive. L'écho d'un choc dans une sensation sauvée.

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